Synesthésie et probabilité conditionnelle
Lire le langage de programmation de l’univers, accéder à une théorie de tout ?
Éditions SoLo, 2014 – 12 € – |
Quatrième de couverture
La synesthésie est une condition neurologique particulière, non pathologique, qui rend accessible à la conscience des associations de sens normalement réprimées, dissimulées.
Certaines personnes voient les sons, goûtent la texture des objets, pensent les lettres et les chiffres en couleur ou encore perçoivent le temps visuellement en trois dimensions…
Cette étude introductive propose une nouvelle théorie écologique de l’esprit : les synesthésies et plus généralement la multimodalité sensorielle témoigneraient de processus d’adaptation dont nous aurions hérité de notre filiation animale la plus ancienne, et ce serait la répression réussie de ce langage naturel par le développement des fonctions élaborées de l’esprit qui signerait la singularité humaine.
Présentation générale
Le 21ème siècle voit presque concomitamment renaître deux disciplines d’étude mises un temps de côté par la science, en particulier dans les sciences humaines : les statistiques conditionnelles bayésiennes et les synesthésies. Nous tentons ici un rapprochement de leurs valeurs heuristiques, proposant de saisir en quoi, non seulement chacun de leur côté mais a fortiori associés, ces domaines pourraient apporter des éléments importants pour la compréhension de la singularité humaine et de son inscription dans l’évolution universelle.
Nous verrons au fil de cette étude introductive que les synesthésies pourraient être comprises comme le spectacle des calculs probabilistes effectués en permanence par le cerveau pour intégrer le réel et organiser, anticiper l’adaptation. Montrant des unités élémentaires de sens dynamiques et plastiques, toujours isomorphes et congruentes aux stimuli, les synesthésies témoigneraient d’une adaptation globale et multimodale du corps, adaptation “en train de se faire” en fonction de la variabilité instantanée de la relation au monde et des acquis de l’expérience passée.
Alors que nous nous demanderons dans quelle mesure le fonctionnement perceptif multimodal, s’il n’est accessible consciemment qu’à certains, pourrait être la norme discrète pour tous, nous verrons aussi en quoi il pourrait être un modèle explicatif prototypique de l’intuition, l’esprit venant parfois puiser dans les indices sensoriels des informations sur les causes des événements réels, informations susceptibles de devenir des données objectivables, des heuresthésies.
Ce texte suit une intention systémique et transdisciplinaire, chaque objet, concept évoqué ne l’étant pas isolément mais dans l’admission qu’il ne saurait ni exister ni prendre sens hors la considération de l’ensemble synchronique et diachronique de ses liens définissants. L’humanité est comprise alors, dès son origine, comme procédant d’une écologie de la relation à l’environnement singulière, qui marque sa différence d’avec l’ensemble des autres êtres vivants, mais devant malgré tout négocier avec son héritage filial et son inscription fonctionnelle dans un écosystème dont elle dépend strictement.
Par le calcul bayésien et par les sens, en reconstruisant au mieux un continuum causal pertinent, intuitivement élaboré à partir de ce que notre corps dit de notre propre vérité, il semble possible aujourd’hui de comprendre mieux ce que nous sommes, et l’histoire de notre existence.