La montée de l’extrême droite : conséquence du collapswashing ?
Les nouveaux récits d’économie et d’écologie politique
ne s’adressent pas à tout le monde.
Les élections au parlement européen de juin 2024 ont donné une large majorité à l’extrême droite française. À la suite de ces élections, le président Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Les élections législatives ont confirmé l’ascension du Rassemblement National, même s’il n’est pas devenu majoritaire en nombre de sièges. En parallèle de ces deux élections, l’extrême droite française s’est renforcée en tissant des alliances à l’échelle européenne avec d’autres partis du même bord politique, réunis au sein du groupe “Patriotes pour l’Europe”.
Les analyses sur les raisons de l’ascension rapide de l’extrême droite ces dernières années envisagent plusieurs hypothèses, non exhaustives et sans doute complémentaires : influence de réseaux et médias politiquement orientés[1], entrisme politique et guerre hybride de Moscou[2], rejet des élites, rejet d’une écologie perçue comme “punitive”, difficultés économiques des plus démunis, etc.
Une cause supplémentaire est à envisager, transversale à ces premières hypothèses, afin de contextualiser non seulement le soutien d’une part importante des classes populaires à l’extrême droite[3], mais aussi l’adhésion de plus en plus grande de catégories sociales habituellement plus opposées à ce mouvement (retraités, fonctionnaires, femmes, etc.)[4] : la tentative globale d’invisibilisation, voire de muselage des populations dont le vécu concret – ou le ressenti – témoigne déjà d’un déclin ou d’un effondrement des conditions de vie.
Je proposais, en 2020, la notion de “collapswashing”, afin de qualifier “toute communication qui occulte les effets indésirables ou contre-productifs des stratégies dont l’ambition est de pallier les risques de déclin ou d’effondrement” (voir : https://vincent-mignerot.fr/greenwashing-collapswashing/). Le collapswashing, c’est faire croire qu’on prévient les risques de déclin ou d’effondrement, alors qu’on ne fait que dissimuler ce qui décline ou s’effondre.
L’évolution du vocabulaire utilisé en politique et en écologie politique, en parallèle des constats de plus en plus alarmants sur la stabilité économique de nos sociétés et sur l’état de la biosphère, témoignerait de ces tentatives de dissimulation des effets négatifs ou des échecs des stratégies censées soutenir la production et le partage de la richesse, tout en favorisant l’écologie. En confisquant à certaines populations les mots qui décrivent leur vécu et leurs émotions, les “nouveaux récits” économiques et écologiques ont peut-être leur part de responsabilité dans l’adhésion de plus en plus grande à l’extrême droite. Cette mutation des discours politiques se serait faite progressivement, par glissements successifs, mais le résultat est désormais tangible : les difficultés supportées ou ressenties par certaines classes sociales sont de moins en moins audibles. Quelques exemples de cette évolution des récits :
- Interprétation et moralisation de l’évolution et de la sélection naturelle : la coopération (en opposition à la compétition) et la robustesse (en opposition à la performance) seraient non seulement des valeurs, mais des valeurs positives[5], qui devraient inspirer nos comportements et orienter la gouvernance des sociétés. Cependant la science n’a jamais montré que l’évolution suivait une morale quelconque[6]. Une stratégie (la coopération) ou le résultat d’une évolution qui n’a pas de but particulier prédéfini (la robustesse) peuvent déboucher sur des résultats que l’humanité considérerait comme moralement négatifs. Par exemple, une armée hostile très coopérative et robuste ne saurait être perçue comme “bonne” par le pays agressé. La moralisation de tels concepts scientifiques favorise l’invisibilisation et le bâillonnement : si la coopération ou la robustesse ne sont définis que comme des valeurs positives, il devient impossible d’exprimer un statut de victime, par exemple face à la coopération d’une oligarchie oppressive, face à la robustesse d’une industrie fondée sur un productivisme insupportable pour l’ouvrier, face à la coopération et la robustesse de services de police défendant l’extension de mines qui détruisent des terres agricoles ou des lieux de vie[7].
- Injonction au renoncement : la réduction de l’empreinte environnementale implique sans aucun doute de renoncer à une part des avantages matériels acquis. Toutefois, toutes les classes sociales ne bénéficient pas de la même marge de manœuvre dans le renoncement. Ainsi, l’ensemble de la population pour laquelle le renoncement est concrètement impossible, ou perçu comme un risque de déclassement se voit spontanément exclu du débat sur les arbitrages dans le renoncement. L’écologie du renoncement volontaire s’adressant par défaut à un public aisé, qui a la capacité de renoncer, ceux qui ne le peuvent pas sont invisibilisés. De plus, le renoncement volontaire de certains est susceptible d’entraîner des renoncements forcés pour d’autres, tenus également éloignés du débat. Par exemple, un renoncement à telle ou telle consommation, par un ensemble d’acteurs, peut impacter les revenus d’autres acteurs très en amont de la chaîne de production/consommation, mais qui resteraient en-dehors du champ d’étude ou d’enquête sur le renoncement[8]. La prescription de renoncement entretient ou accroît, presque mécaniquement, le clivage entre les différentes classes sociales[9].
- La pauvreté c’est la sobriété, le PIB c’est le bien-être et le pouvoir d’achat n’existe plus : les récits économiques et écologiques contemporains substituent fréquemment le vocabulaire ou les concepts à connotation négative, décrivant pourtant le quotidien de nombreux citoyens et citoyennes, par des terminologies positives, sans considération de ce qui n’est plus décrit par la nouvelle terminologie. Le PIB devient le bien-être, la sobriété remplace la pauvreté[10], et ce sans que cela atteigne à la liberté, en prétendant même réduire les injustices et les inégalités sociales. Au prix toutefois d’une “réécriture des histoires collectives”[11]. Certains indicateurs disparaissent totalement de différents discours d’écologie politique, tels que le pouvoir d’achat ou la sécurité[12], alors qu’ils comptent parmi les premières préoccupations des français[13]. Singulièrement, la situation des populations factuellement pauvres[14], ou qui se perçoivent comme étant pauvres[15] ne peut plus être nommée, décrite, dans les prescriptions économiques et écologiques contemporaines. Ces populations sont alors privées d’une représentation politique de leur situation, ainsi que de la possibilité même d’exprimer leur situation, à mesure que le vocabulaire positiviste s’impose dans les débats.
La confiscation proactive du vocabulaire décrivant les situations de vie des populations les plus fragiles, ou se sentant les plus exposées, constitue une forme de violence psychologique. L’empêchement de l’expression des émotions, c’est-à-dire l’invalidation de ce qui met le corps en mouvement, de ce qui engage à l’action, à la défense de soi et de ses intérêts[16] peut engendrer toutes formes de réactance contre cette privation de liberté[17], qu’elle soit réelle ou seulement ressentie. Or, si les voies habituelles et légitimes d’expression – l’agora politique – ne sont plus accessibles, la réactance motive au contournement des obstacles à l’expression. Le professeur en psychologie sociale Fabien Girandola précise les formes que peut prendre la réactance :
“Dans ce cadre [la réactance] la résistance est le but que se fixent les individus pour protéger leur attitude. La théorie de la réactance (Brehm, 1966 ; Brehm et Brehm, 1981) s’intéresse précisément à la façon dont les individus réagissent lorsque leur liberté est menacée ou lorsqu’ils ont le sentiment qu’elle pourrait l’être, comme ce peut être le cas lors d’une tentative de persuasion. Motivationnelle par nature, la réactance va pousser l’individu à adopter des stratégies visant la restauration de liberté ou de perception de liberté. (…) La réduction de cette réactance s’exprime souvent par le rétablissement de la liberté en radicalisant ses opinions et/ou par la réalisation de comportements contraires à ceux escomptés. (…)
Plusieurs processus participant à la résistance à la persuasion ont été identifiés. Parmi les principaux, nous trouvons (cf. Sénémeaud, Girandola, Georget et Sales-Wuillemin, 2013) :
– la production d’une contre-argumentation, c’est-à-dire d’éléments contraires à ceux proposés dans le message (Jacks et Cameron, 2003) ; (…)
– la décrédibilisation de la source du message autrement dit la confiance accordée à la source et, au-delà, à la portée du message persuasif ;
– la production d’affects négatifs envers la source et/ou les arguments contre-attitudinaux, tels que la colère, l’irritation ou l’énervement (Zuwerink et Devine, 1996) ;
– l’exposition sélective à l’information. Basée sur l’évitement de la dissonance (Festinger, 1964), l’exposition sélective est la tendance à éviter les informations inconsistantes susceptibles de remettre en cause ses attitudes, et à s’exposer à celles consistantes allant dans le sens de ses attitudes (D’Alessio, 2015 ; D’Alessio et Allen, 2007). Pour Hart et al. (2009), il s’agirait là d’un biais de confirmation : l’individu privilégierait les informations confirmant ses idées ou ses hypothèses au détriment d’autres ne les confirmant pas.”[18]
Le collapswashing contemporain, la dissimulation active des échecs des si nombreuses promesses économiques et écologiques restées sans effet pour une part de plus en plus importante de la population ne serait pas étranger aux réactions d’opposition, de défiance, de perte de confiance, à l’accroissement de la colère et au choix de promesses politiques non pas plus justes ou plus opérantes, mais simplement disponibles pour médier les émotions et les frustrations.
Les électeurs de l’extrême droite ne sont ni bêtes, ni fous. Ils investissent l’espace revendicatif, réduit mais encore démocratique, qui leur permet d’exprimer leurs passions, tristes, qui ne sauraient rester étouffées. L’appel, parfois, à la violence, répond à une première violence, celle de l’occultation de leur existence au profit des intérêts de classes qui instrumentalisent les récits dans un but de domination. Car si le lexique politique contemporain ne décrit plus la vie des classes populaires, il décrit encore celle des classes aisées. Les humains les plus riches ont les moyens de la sobriété, du bien-être, du renoncement, de la résilience, de la croissance verte. Et ils se les procurent en coopérant au mieux, afin de constituer une communauté la plus robuste possible. L’évolution des récits vers le collapswashing est d’une redoutable efficacité politique, en tout cas pour servir des intérêts particuliers : si les plus fragiles n’existent plus dans le débat, la question du partage non plus. Avec qui faudrait-il que les plus riches partagent ?
Le collapswashing est avant tout une stratégie de domination, qui pourrait se révéler perdante, pour tout le monde. La sécession des classes dites supérieures ne sera pas acceptée passivement par les autres classes. Et les seules stratégies d’opposition qui leur sont laissées, qui seront mises en œuvre à grande échelle par l’extrême droite si elle arrive au pouvoir, sont en mesure de détruire totalement nos sociétés.
Le vote à l’extrême droite, favorable aux obscurantismes en général, n’est pas une fatalité. Il n’est pas proportionnellement lié à la réduction de la quantité d’énergie qui traverse nos sociétés. Il n’est pas en soi une réponse à l’inquiétude que l’avenir se ferme, que le déclin ou l’effondrement constituent des risques ou des réalités de plus en plus prégnantes. Il est plus sûrement le résultat d’une exclusion du débat sur l’avenir d’une partie de la société, à qui on espère non seulement faire supporter seule le poids des contraintes, mais qu’en plus elle se taise.
L’humanisme de demain, c’est convertir une redistribution aisée des fruits de la croissance matérielle d’hier en une répartition équitable des efforts à fournir en temps contraint[19]. Les nouveaux récits écologiques, véritablement démocratiques, n’ont pas encore été écrits.
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Extraits de l’article “Greenwashing versus collapswashing“, 9 décembre 2020
“Se distinguant du greenwashing et s’inscrivant dans de nouvelles circonstances écologiques et économiques, le collapswashing désignerait tout récit occultant qui omettrait ou invisibiliserait, intentionnellement ou non, les effets sur le milieu et sur des populations humaines des stratégies liées à l’obtention ou à la conservation d’avantages adaptatifs par les humains qui en bénéficient, alors qu’il serait possible d’attester que ces avantages ont des effets négatifs dans l’immédiat ou à terme sur le milieu ou sur d’autres humains. Le collapswashing caractériserait des récits institutionnels, des programmes politiques, des prescriptions faites par des élites intellectuelles, des contenus médiatiques, le business model de start-up ou sociétés de conseil investissant le marché de l’écologie de crise et de l’effondrisme.”
(…)
“Sur le plan politique spécifiquement, les récits dits “de droite” (qui promeuvent, de façon assumée ou non, l’exercice d’une forte pression sur la productivité des ressources naturelles et humaines ainsi que la concentration d’une grande quantité de richesse), comme les récits dits “de gauche” (qui défendent la massification du partage de la production et des avantages qui en découlent), pourront être tentés d’investir le collapswashing. Il s’agirait de dissimuler au mieux les effets négatifs historiques et à venir de l’intensification ou de la multiplication.”
(…)
“Les récits de collapswashing pourraient être favorablement énoncés et entretenus par les sociétés ou par les classes sociales qui, au cours du temps, auront développé la plus grande résilience, qui leur aura permis de conserver plus longtemps leurs avantages dans un contexte chaque jour plus contraint sur le plan économique. D’autres sociétés ou classes autour d’elles seraient alors condamnées à subir les externalités négatives de la conservation par quelques-uns de ces avantages, et seraient plus directement exposées aux difficultés adaptatives et au risque d’écroulement. Leur invisibilisation serait opportunément entretenue au bénéfice de la déculpabilisation des privilégiés.”
(…)
“Dans l’ensemble, énoncer toute forme de collapswashing pourrait avoir des effets sur les capacités d’adaptation de nos sociétés au nouveau contexte écologique. Faire des promesses que l’on est susceptible de ne pas pouvoir tenir (il n’y aura pas de destruction, il n’y aura pas de souffrance) entraînerait un rapport artificiellement confiant en l’avenir ou dans les capacités spontanées de l’humanité à maîtriser les situations auxquelles elle se confronte. Des récits fondés sur des croyances pourraient en particulier retarder la mise en œuvre de stratégies qui auraient été, elles, plus performantes dans la prise en compte de la peine d’autrui, parce qu’elles auraient été moins aveugles aux conséquences de leur déploiement. Les récits occultants risquent aussi de générer de la réactance : les humains dont l’existence serait invisibilisée pourraient tenter d’être à nouveau intégré dans un récit, quitte à adhérer à d’autres récits mensongers mais qui considèreraient leur souffrance et leurs attentes. La défense de ces récits “alternatifs” serait susceptible de prendre toutes les formes possibles et ils seraient investis par seul besoin de reconnaissance existentielle, sans que la démonstration soit faite que leurs promesses puissent être mieux tenues. Alors que les “nouveaux récits” écologiques auraient prétendu vouloir bien faire ils n’apporteraient en réalité aucune solution et leur collapswashing aurait pour conséquence une “guerre des récits” qui attiserait un chaos politique, social et moral. Paradoxalement, les risques de déstabilisation sociétale et d’effondrement en seraient augmentés.“
Notes et références
[1] Gaspard d’Allens, “Comment le numérique fait le lit de l’extrême droite“, Reporterre, 13 juillet 2024.
[2] David Chavalarias. Minuit moins dix à l’horloge de Poutine : Analyse de réseaux des ingérences étrangères dans les élections législatives de 2024. 2024. ffhal-04629585v1f. https://hal.sorbonne-universite.fr/CURIE/hal-04629585v3
[3]“Une rupture consommée entre classes populaires et supérieures
La défiance des Français à l’égard des partis, de la politique et des corps intermédiaires ne cesse de progresser, inutile de s’appesantir sur un phénomène connu et analysé. Dans une enquête parue en 2014, l’institut Ipsos 1 montre que les critiques du monde politique, pourtant déjà très élevées en 2013, gagnent encore du terrain. Pour 65 % (+ 3 points) des Français, la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus. 84 % (+ 2 points) pensent que les hommes politiques agissent principalement en fonction de leurs intérêts personnels. La progression la plus spectaculaire concerne l’idée selon laquelle « le système démocratique fonctionne mal, mes idées ne sont pas bien représentées » (+ 6 points à 78 %). La hausse est particulièrement nette chez les moins de 35 ans (+ 12 points à 84 %) et auprès des sympathisants socialistes (+ 11 points à 50 %).
Le sentiment d’une classe politique « hors sol » est d’autant plus fort que désormais plus aucun représentant, l’exemple est frappant pour les députés, n’est issu des catégories populaires, pourtant majoritaires. Pis encore, la défiance gagne désormais l’échelon municipal, caractérisé par un problème de recrutement préoccupant. Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof ) 2 révèle ainsi que les maires de villes de plus de 30 000 habitants issus de catégories ouvriers ou employés sont passés de 12,8 % à 0,4 % en 2014 ! Cependant, la question de la « défiance » contre « la classe politique », « les élites » est encore trop vague, car elle occulte la dimension sociale et culturelle du divorce. En réalité, le champ politique n’est plus le lieu du débat et de la confrontation des idées et des projets, mais une caisse de résonance de la rupture entre catégories populaires et, non seulement les élites, mais les catégories supérieures.” Extrait de : Christophe Guilly, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014. ; Masclet, O. (2019). « Les classes populaires ont basculé à l’extrême droite. ». Dans : Olivier Masclet éd., La France d’en bas : Idées reçues sur les classes populaires (pp. 65-72). Paris: Le Cavalier Bleu. https://doi.org/10.3917/lcb.mascl.2019.01.0065 ; Frédéric Sawicki, “Le vote des classes populaires. De la Gauche à l’Extrême droite ?“, La Grande conversation, 7 novembre 2021.
[4]“Le Rassemblement National capitalise sur toutes les catégories socioprofessionnelles
Si l’on s’intéresse à la catégorie socioprofessionnelle des électeurs, Le Rassemblement National a séduit 54 % des ouvriers, 40 % des employés et 36 % des retraités CSP- qui se sont déplacés pour voter. De son côté, la liste de la majorité présidentielle de Valérie Hayer a recueilli le soutien de 25 % des retraités CSP + et de 15 % des cadres. En ce qui concerne les cadres, c’est plus que pour la liste de Raphaël Glucksmann et celle de Jordan Bardella qui ont chacun eu les voix de 20 % de cette catégorie socioprofessionnelle.
L’enquête menée par Ipsos s’intéresse également au milieu social autodéclaré par les répondants. 51 % de ceux qui se perçoivent comme « défavorisés » et qui se sont déplacés aux urnes dimanche ont glissé un bulletin Jordan Bardella (RN). Parmi eux, 17 % ont choisi la liste des insoumis de Manon Aubry. Pour les personnes se déclarant comme issues de « catégories populaires », 38 % ont choisi le RN, 14 % Parti Socialiste/Place Publique et 11 % La France Insoumise. De l’autre côté du spectre, parmi les personnes se considérant de « milieux aisés ou privilégiés », 26 % ont choisi Valérie Hayer, 19 % Jordan Bardella et 16 % Raphaël Glucksmann.” Extrait de : “Européennes 2024 : Tout savoir sur la sociologie électorale du scrutin“, Public Sénat, 10 juin 2024 ; Jean-Baptiste Chabran, “Age, genre, catégorie socioprofessionnelle… Le vote RN se répand partout“, Libération, 10 juin 2024. ; “L’extrême droite, les services publics et les fonctionnaires“, Fondation Jean Jaurès, 21 juin 2024.
[5] Gauthier Chapelle, Pablo Servigne, L’Entraide. L’autre loi de la jungle, Editions Les Liens qui Libèrent, 2019. ; Olivier Hamant, biologiste, décrit dans cette vidéo les “valeurs” de l’évolution (à 1:33:14, vidéo calée) : Conférence “La 3ème voie du vivant” de Olivier HAMANT, 15 mars 2023.
[6] Le présupposé qu’une morale guiderait l’évolution reproduit sans doute une croyance finaliste, suprémaciste, scientifiquement archaïque et culturellement située : l’évolution suivrait une destinée indexée sur l’opposition entre le bien et le mal, devant nécessairement donner naissance à une humanité capable d’évaluer le bien et le mal et dont certains membres auraient même hérité de la charge de défendre le bien, contre d’autres humains désignés intrinsèquement mauvais.
[7] Philippe Pernot, “En Allemagne, les écologistes combattent une mine de charbon”, Reporterre, 6 novembre 2021.
[8] Il est impossible de connaître et d’anticiper tous les effets des perturbations de systèmes complexes tels que les sociétés humaines. Précisions méthodologiques : voir la partie 2 de l’article “Le climat est plus que la somme des transitions – 3/3 : Aucune transition, nulle part“, Vincent Mignerot, 11 avril 2024.
[9] Question abordée lors de la 3ème édition des Journées “Rencontres de la Redirection Écologique”, 6 juin 2024.
[10] Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, Seuil, 2022. ; Concepcion Alvarez “La chercheuse Yamina Saheb lance un Laboratoire mondial de la sobriété : “On doit mener une révolution scientifique et culturelle”“, Novethic, 10 mars 2024.
[11] Thomas Wagner, “10 idées reçues sur la sobriété des modes de vie“, Bon Pote, 16 juin 2022, mis à jour le 4 avril 2024.
[12] Ibid.
[13] Yves Bardon, “Ce qui préoccupe les Français – Juin 2024“, Ipsos, 25 juin 2024. ; “[Sondage] – Le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français“, Institut Montaigne, 5 mai 2022.
[14] “En 2021, en France métropolitaine, 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire.” : L’essentiel sur… la pauvreté, Insee, 29 février 2024.
[15] RICHARD Éléonore, « Devenir pauvre : du revenu au ressenti. Transitions vers et hors la pauvreté et bien-être subjectif », Revue des politiques sociales et familiales, 2022/1 (n°142-143), p. 23-45. DOI : 10.3917/rpsf.142.0023. URL : https://www.cairn.info/revue-des-politiques-sociales-et-familiales-2022-1-page-23.htm
[16] Ravat, J. (2007). Actions, émotions, motivation : fondements psychologiques du raisonnement pratique. Le Philosophoire, 29, 81-95. https://doi.org/10.3917/phoir.029.0081
[17] Réactance (Wiktionary) : “(Psychologie) Mécanisme de défense psychologique mis en œuvre par un individu qui tente de maintenir sa liberté d’action lorsqu’il la croit ôtée ou menacée. L’intensité de la réactance est une fonction directe de l’importance d’un comportement éliminé ou menacé de l’être en un moment donné par rapport à l’importance de l’ensemble des comportements libres. — (Fabien Girandola, Psychologie de la persuasion et de l’engagement, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2003, page 163.)”
[18] Girandola, Fabien. Psychologie de la persuasion et de l’engagement. Presses universitaires de Franche-Comté, 2003, https://doi.org/10.4000/books.pufc.44432.
[19] Laurent Mermet, décédé en 2019, était professeur en sciences de gestion à AgroParisTech et membre du CESCO (Centre des sciences de la conservation, Muséum – CNRS). Il alertait en 2018 sur le risque qu’un “refoulement du distributif” “élude la question des gagnants et des perdants des crises et mutations, [et] débouche sur d’importants points aveugles lorsqu’il s’agit de penser l’action collective face à l’urgence écologique.” Vidéo YouTube “Le refoulement du distributif“, 26 novembre 2018.
Illustration générée par IA (Copilot Designer)
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