Inertie climatique, Photo par Vanveenjf

L’inertie climatique (actualisé)

Inertie climatique, Photo par Vanveenjf

Dernières mises à jour des données

Mars 2022 : Explication vidéo par Le Réveilleur : Que se passerait-il si on arrêtait nos émissions de CO2 ?

Décembre 2021 : En appui notamment sur les travaux de Carbon Brief précédemment cités ici, Loïc Giaccone publie une synthèse approfondie sur la question. La distinction est faite entre inertie géophysique et inertie sociétale. L’inertie géophysique, qui était la question initialement posée dans l’article de 2014 est estimée désormais, avec une petite marge d’erreur, à quelques années d’augmentation de température après l’arrêt de toutes les émissions, augmentation de quelques dixièmes de degrés. Celle-ci est consécutive à la disparition des aérosols, qui ont un effet légèrement refroidissant. Après cette courte et modérée augmentation, les températures baissent. Loïc Giaccone rappelle que l’inertie sociétale, elle, pourrait être importante et qu’elle s’estimera par la capacité de l’humanité à réduire intentionnellement, efficacement et globalement ses émissions de gaz à effet de serre.

Mai 2021 : Carbon Brief précise les différents scénarios possibles en cas d’arrêt des émissions des différents gaz à effet de serre et des aérosols (auteur : Zeke Hausfather).

Novembre 2018 : la valeur de l’inertie climatique retenue pour les scénarios du dernier rapport du GIEC semble se situer autour de 10 à 20 ans.

Article original, octobre 2014, titré  : “Inertie climatique : 40 ans entre la cause et l’effet”

Il est assez difficile de trouver des références sur une estimation du temps que met l’atmosphère à réagir aux modifications anthropiques de sa composition (modifications dues aux émissions par l’humain de gaz à effets de serre). Ce temps de réaction (hystérésis, inertie climatique, ou encore « climate lag ») a pourtant été estimé, car il est indispensable pour effectuer des calculs projectifs sur le réchauffement climatique.

Cette inertie est estimée au plus bas à 10 ans[1], celle-ci pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines d’années s’il est tenu compte du fait que plus l’atmosphère est chargée en CO2, plus l’inertie du réchauffement augmente pour chaque nouvel apport de CO2[2]. Une valeur médiane est proposée par J. Hansen[3] : 40 ans (voir également Skeptical Science[4]). Dans tous les cas, la valeur de l’inertie climatique ne correspond ici qu’à la chaleur accumulée, non à la réaction globale de la biosphère à cette chaleur qui, elle, peut s’étaler sur plusieurs décennies supplémentaires, voire plusieurs siècles ou millénaires (modification de l’ensemble des flux océaniques et atmosphériques, transformations des écosystèmes).

Notre investissement pour la protection du climat subit donc un important décalage temporel. Si nous retenons l’estimation d’une quarantaine d’années, le climat de 2014, qui nous inquiète déjà, correspond, en chaleur, aux émissions de CO2 antérieures aux années 1980. De même, les émissions actuelles n’auront produit tous leurs effets sur la température qu’après 2050…

Nous tentons de réagir à ce que nous connaissons d’un monde qui date d’avant 1980, alors que le monde d’après 2050 est déjà écrit, nous sommes en décalage psychologique et émotionnel de 80 ans avec la réalité !*

L’environnement auquel nous croyons nous adapter n’existe pas, un autre état du climat, très différent et bien plus chaud encore, est inévitable. Il n’est pas certain que l’existence humaine y soit encore possible.

* Quelle que soit la valeur de l’inertie climatique, le raisonnement sur le décalage psychologique et émotionnel reste sans doute valable.

Sources

Extrait de l’article de Skeptical Science Climate change : the 40 year delay between cause and effect :

« The reason the planet takes several decades to respond to increased CO2 is the thermal inertia of the oceans. Consider a saucepan of water placed on a gas stove. Although the flame has a temperature measured in hundreds of degrees C, the water takes a few minutes to reach boiling point. This simple analogy explains climate lag. The mass of the oceans is around 500 times that of the atmosphere. The time that it takes to warm up is measured in decades. Because of the difficulty in quantifying the rate at which the warm upper layers of the ocean mix with the cooler deeper waters, there is significant variation in estimates of climate lag. A paper by James Hansen and others [iii] estimates the time required for 60 % of global warming to take place in response to increased emissions to be in the range of 25 to 50 years. The mid-point of this is 37.5 which I have rounded to 40 years. »

[1] Référence ajoutée en 2015 : Maximum warming occurs about one decade after a carbon dioxide emission. Katharine L Ricke and Ken Caldeira. Published 2 December 2014 • © 2014 IOP Publishing Ltd – http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/9/12/124002/meta

[2] Référence ajoutée en 2015 : The time lag between a carbon dioxide emission and maximum warming increases with the size of the emission. Kirsten Zickfeld & Tyler Herrington. Published 10 March 2015 • © 2015 IOP Publishing Ltd – http://iopscience.iop.org/1748-9326/10/3/031001

[3] Earth’s Energy Imbalance: Confirmation and Implications. By James Hansen, Larissa Nazarenko, Reto Ruedy, Makiko Sato, Josh Willis, Anthony Del Genio, Dorothy Koch, Andrew Lacis, Ken Lo, Surabi Menon, Tica Novakov, Judith Perlwitz, Gary Russell, Gavin A. Schmidt, Nicholas Tausnev. Science03 Jun 2005 : 1431-1435

[4] Skeptical Science. Climate Change: The 40 Year Delay Between Cause and Effect: https://skepticalscience.com/Climate-Change-The-40-Year-Delay-Between-Cause-and-Effect.html

3 Comments:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Translate »